À quatre mois de la seconde bataille de Verdun lancée par le général Guillaumat qui absorba en 7 jours 120 000 tonnes de projectiles correspondant au tir de 4 millions d’obus couvrant de 6 tonnes d’acier chaque mètre du front, pour un prix de 700 millions de francs de l’époque, on comprend mieux l'esprit contestataire du ballet que nous vous proposons aujourd'hui :
PARADE de Erik Satie
Éric-Alfred-Leslie Satie, dit Erik Satie, est un compositeur et pianiste français né à Honfleur le 17 mai 1866 et mort à Paris le 1er juillet 1925. Associé un temps au symbolisme, mais inclassable, il a été reconnu comme précurseur de plusieurs mouvements, dont le surréalisme, le minimalisme, la musique répétitive et le théâtre de l'absurde.
Tout le monde connaît la Gnossienne N°1 de Satie mais certainement peu cette version à la guitare expliquée par Sébastien Llinares
En 1915, grâce à Valentine Gross, il fait la connaissance de Jean Cocteau avec qui il commence à travailler à partir de 1916, notamment sur le ballet Parade. Leur collaboration est fructueuse malgré quelques incompatibilités de caractère comme en témoigne leur correspondance6. Tous deux seront les pères spirituels du groupe des Six, créé en 1920 et composé de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre. Il fait également la connaissance, par l’intermédiaire de Picasso, d’autres peintres cubistes, comme Georges Braque, avec qui il travaillera sur Le Piège de Méduse, ainsi que sur des projets qui ne verront pas le jour.
Parade est un ballet en un acte composé par Erik Satie, poème de Jean Cocteau, décors, costumes et rideau de scène de Pablo Picasso. L'œuvre est une commande des Ballets russes de Serge de Diaghilev, qui en confie la chorégraphie à Léonide Massine.
Il est créé par les Ballets russes de Serge de Diaghilev le 18 mai 1917 au Théâtre du Châtelet à Paris sous la direction musicale d'Ernest Ansermet. Les interprètes principaux sont Léonide Massine, Maria Chabelska et Nicolas Zverev. Son argument évoque une parade comme on en voyait jadis au théâtre de la foire. L'univers poétique opposé à la brutalité du monde moderne constitue un parti pris de légèreté en pleine Première Guerre mondiale. Guillaume Apollinaire, dans la note de programme qu'il rédige pour Diaghilev, qualifie ce spectacle de « sur-réaliste ».
La première représentation a déclenché l'hostilité du public et de la critique. La musique, où jouaient entre autres des machines à écrire, fut traitée de bruit inadmissible par les plus conservateurs. Les costumes furent jugés beaucoup trop grands. Selon certains critiques cela cassait la gestuelle du ballet.
Satie s'agaçe de la critique désobligeante de Jean Poueigh, parlant d'« outrag[e] au goût français » et qui était pourtant venu lui présenter ses félicitations en loge, et lui envoie sur une carte postale : « Monsieur et cher ami, vous n'êtes qu'un cul, mais un cul sans musique ». Cela lui valut une forte condamnation qui fut suspendue par un accord à l'amiable grâce à l'entregent de diverses personnalités, mais consolida sa réputation.
Ci-dessous le film du Ballet Parade, enregistré dans le cadre du programme "Picasso et la Danse" lors du Festival Europa Danse 2007.
Version enregistrée lors de sa projection au Grand Foyer du Théâtre du Châtelet le 14 juin 2016 suite à la présentation du rideau de scène du ballet Parade peint par Picasso, et qui fût exposé à Pompidou Metz il y a quelques années.
Pour le plaisir les Gnossiennes Nos. 1-3 dans une version plus classique au piano.
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