Les généraux de gendarmerie Perrin et Becker déposant une gerbe face à la stèle inaugurée hier.
Photo François Legrand
Importante cérémonie que celle organisée hier matin lors de l’inauguration d’une plaque en hommage au garde Lucien Crouvoisier, natif de Juvelize, tué par une mine en service en Indochine en février 1952.
Le comité « Pierre de la Seille » du Souvenir français et la commune ont accueilli une délégation fournie de personnalités civiles et militaires, en compagnie de la famille du défunt, qui a désormais une plaque au cimetière.
Juvelize rend hommage à un héros du village
Photo François Legrand
Un escadron de gendarmes venu de Baccarat a rendu les honneurs à Lucien Crouvoisier devant sa plaque.
Une plaque dédiée à Lucien Crouvoisier, garde mort pour la France en Indochine en 1952, a été dévoilée hier au cimetière de Juvelize. Une reconnaissance de premier ordre pour la commune et le Souvenir français.
Une plaque de granit, conçue et gravée au lycée professionnel Paul-Claudel de Remiremont, sur laquelle figure cette inscription : « Lucien Crouvoisier, garde à la 1è légion de marche de garde républicain, né le 16 mars 1926 à Juvelize, mort pour la France en Indochine le 15 février 1952, in memoriam ». Le cimetière était presque trop juste pour accueillir l’ensemble des participants à une émouvante cérémonie qui a débuté par une messe solennelle en l’église du village.
A l’issue de la cérémonie religieuse, un défilé a eu lieu, au son de la musique des Métronomes de Bénestroff, la plaque devant être dévoilée dans la nécropole municipale. De nombreuses personnalités civiles et militaires ont participé à cette inauguration parmi lesquelles les généraux de gendarmerie Becker et Perrin, le Lt-colonel représentant le commandant la Région de gendarmerie de Lorraine, le chef de corps du 13e RDP de Dieuze, le colonel Pinczon du Sel, ou le délégué d’arrondissement pour le souvenir français, Pierre Weisse. Il revient en effet au comité Saint-Pierre de Seille du Souvenir français, son président Hervé Sève et son président d’honneur Claude Masson, l’initiative de cet événement, avec la commune de Juvelize.
Des anciens d’Indochine étaient également présents, ainsi que les élèves de la classe du regroupement scolaire de Ley.
Combattre pour la paix
« La vie et la carrière militaire exemplaire du garde Crouvoisier méritait bien l’hommage qui lui a été rendu aujourd’hui » a lancé le général (2s) Guy Becker, président du comité de la société d’entraide de la légion d’Honneur, « S a bravoure et son sacrifice peuvent être cités en exemple, merci à toutes les personens qui ont préparé cet événement, et j’associe à cet hommage toutes les autres victimes de la gendarmerie. »
Au sein de cette dernière, le général a précisé que 674 gendarmes avaient été tués et 1620 blessés entre 1945 et 1954 en Indochine.
Pour le sous-préfet du Saulnois bernard Gonzales, « Cette commémoration marque un temps fort sur les chemins du souvenir, c’est une occasion de témoigner la reconnaissance indéfectible de la nation. Lucien Crouvoisier a su faire preuve d’un immense courage par sa volonté de combattre pour la paix. »
Le général Becker (à gauche), entouré des personnalités dont le maire du village Alain Greff et le sous-préfet Bernard Gonzales.
Parcours exemplaire, mort prématurée
Qui était vraiment Lucien Crouvoisier, et comment est-il arrivé en Indochine ? Le Souvenir français a édité un petit document fourmillant de renseignements sur cet homme, et profité de la cérémonie d’hier pour le distribuer.
Né le 16 mars 1926 à Juvelize, Lucien est expulsé avec sa famille en 1940, puis est engagé volontaire à 18 ans dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI). En février 1945, à l’âge de 19 ans, il intègre le 6e régiment d’infanterie, puis au 57e RI, et participe aux diverses campagnes de France. Démobilisé en 1946, il est en région parisienne lorsqu’il demande une formation de gendarme. Nommé élève gendarme en mai 1948, il embarque en juillet de la même année pour Tunis, où il rejoint le Centre d’instruction de la 11e légion de garde. Il devient garde en décembre 1948, puis est nommé pour servir en Extrême orient, et prête serment le 3 mars 1949 devant le tribunal de Sfax. le 22 avril 1950, il embarque à Marseille à bord du Chantilly, en direction de Saïgon.
Un milieu dangereux
Il arrive en Indochine le 26 mai 1950, où il est affecté à la 1è Légion de marche de garde républicaine, dont la principale mission est d’encadrer la garde républicaine de Cochinchine (Garde du Vitenâm sud), et Lucien Crouvoisier assure ses mission au sein de cette dernière.
Il est en poste à Hatien, à 900 km de Saïgon, près de la frontière cambodgienne, il est affecté dans un groupe au déminage des routes et chemins, il est aussi chef de groupe de mortiers.
Lucien est admis en janvier 1952 dans le corps des sous-officiers, dans un secteur harcelé par les forces vietminh, où les embuscades sont incessantes. Le 15 février 1952, le garde Crouvoisier et deux autres gardes se rendent sur un secteur dans le cadre de leur corvée. Le chef d’équipe de déminage, muni d’un détecteur, prospecte avant de confier le débroussaillement à une autre équipe. Ce jour-là, à 16 h 35, un engin est découvert. Lucien fait alors reculer ses hommes et se prépare à détruire la mine lorsque celle-ci explose pour une raison demeurée inexpliquée. Grièvement blessé, il décède au cours de son évacuation vers un hôpital du Cambodge. Il repose depuis au cimetière de Juvelize, parmi les siens. Lucien Crouvoisier est titulaire à titre posthume de nombreuses citations et récompenses.
Articles du Républicain Lorrain du 30 mai 2010