Les saints de glace sont une période climatologique située, selon des croyances populaires européennes du Haut Moyen Âge, autour des dates des fêtes de saint Mamert, saint Pancrace et saint Servais, traditionnellement célébrées les 11, 12 et 13 mai de chaque année. Ils sont remplacés aujourd'hui par sainte Estelle, par saint Achille et par sainte Rolande.
Plutôt qu'une période de refroidissement, les saints de glace ont été «inventés» pour souligner que c'est la dernière période de l'année où le refroidissement nocturne (souvent par nuit de rayonnement avec un ciel clair, d'ailleurs) est suffisant pour générer des gelées en plaine (en altitude, c'est plus tardif...).
Il faut comprendre les Saints de Glace comme "dernière période où des gelées peuvent se produire si la situation est favorable" et non comme on l'entend souvent, par déformation "période de l'année favorable aux situations donnant les dernières gelées".
C'est une nuance importante ! C'est simplement la situation atmosphérique générale la cause du froid éventuel de cette période.
Statistiquement, la température moyennée sur de nombreuses années ne baisse pas comme par magie durant ces quelques jours de mai mais, simplement, la date des gelées les plus tardives, si elles arrivent, ne dépasse généralement pas cette période en plaine. D'ailleurs, certaines périodes des Saints de Glace ont été très douces voire carrément caniculaires, mettant alors à mal les dictons à ce sujet, comme en mai 1998 où la barre des 30°C a été atteinte en Belgique5.
Ces saints sont invoqués par les agriculteurs pour éviter l'effet d'une baisse de la température sur les cultures, qui pouvait être observée à cette période et qui peut amener du gel (phénomène de la lune rousse). Une fois cette période passée, le gel ne serait plus à craindre.
Avant la réforme de 1582, les dates du calendrier (calendrier grégorien) étaient données dans le calendrier julien, qui méconnaît les caractéristiques orbitales précises de la Terre. Ainsi, la fête d'un saint correspond, en 1582, à une date qui tombe dix jours plus tôt que celle de la réforme de 1582 (où le 5 octobre julien est devenu le 15 octobre grégorien). Il y avait donc à cette époque dix jours en trop dans le calendrier. La réforme consiste à enlever trois jours tous les quatre siècles, soit supprimer une année bissextile en 1700, 1800, 1900, mais pas en 1600 ni en 2000, années « séculaires » correspondant à un nombre de siècles divisible par quatre, et de nouveau en 2100, 2200, etc. Or, cette légende remontant probablement au début du deuxième millénaire, voire à la fin du premier, les 11, 12 et 13 mai du calendrier julien correspondent aujourd'hui approximativement aux 16, 17 et 18 mai de notre calendrier grégorien. De plus, cette mini-vague de froid annuelle semble se produire un mois à l'avance par rapport au milieu du siècle précédent, et certaines régions du globe ne la connaissent pas.
Une explication populaire tente de justifier la tradition des saints de glace par un phénomène astronomique coïncidant à cette période des 12 et 13 mai de chaque année. Les tenants de cette explication avancent que l'orbite de la Terre serait amenée à traverser un nuage de poussières extrêmement diffus dans le système solaire, formé aussi bien par des "particules piégées" que par des "résidus provenant de la formation des planètes à l'aube de leur existence". Pendant quelques heures, la poussière ferait très légèrement obstacle aux rayonnements solaires. La diminution de leur intensité serait inobservable sans instruments de mesure extrêmement sensibles, mais suffisante pour influencer les délicats mécanismes de la météorologie de notre globe. La Terre traverserait à nouveau un nuage de poussière six mois plus tard, le 11 novembre, avec l'effet inverse. Une diffusion du rayonnement solaire sur la Terre en plus du rayonnement direct qui amènerait « l’été de la Saint Denis » (9 octobre) ou « été de la Saint Martin » (11 novembre), appelé aussi l'été indien sur le continent américain.
Cette explication populaire est infirmée par le fait que les astronomes ne connaissent aucun nuage de poussière de ce type sur la trajectoire de la Terre. De plus, s'il en existait un aussi diffus que le prétend l'explication populaire, il ne serait pas détectable, et ce même avec des instruments très sensibles. Seuls des miroirs de télescopes spatiaux (et les instruments de la Station spatiale internationale) seraient pollués par ces poussières, or ce n'est pas le cas non plus. Même le reliquat de queue d'une ancienne comète ayant autrefois croisé la trajectoire de la Terre serait insuffisant pour faire baisser la température de l'atmosphère, ce qui invalide totalement cette suggestion à l'instar de l'absence de pollution des miroirs des instruments spatiaux cités ci-dessus. Par ailleurs une planète (en l'occurrence ici la Terre) ne pourrait pas traverser un tel nuage deux fois par an, de plus à six mois d'intervalle et de surcroît avec des effets opposés.
La coïncidence (explication météorologique et astronomique) n'est troublante que si l'on ne connaît ni l'astronomie ni la météorologie. Elle est en fait seulement anecdotique car un phénomène astronomique se produisant sur l'orbite terrestre serait un phénomène mondial alors que les dictons ont une existence très locale. L'explication exacte est infiniment plus simple : le mois de mai correspond, dans les latitudes moyennes de l'hémisphère nord et notamment en Europe de l'Ouest (où les turbulences sont importantes en raison du courant de l'Atlantique Nord et des déplacements plus ou moins erratiques de l'anticyclone des Açores), à la fin de la rapide circulation de systèmes météorologiques d'hiver. Le passage de fronts froids, amenant de l'air du nord, se produit donc encore de temps à autre. Quand le ciel se dégage ensuite sous un anticyclone, la perte de chaleur est encore importante, surtout la nuit. Il est donc normal d'avoir des périodes froides à cette époque même si la tendance des températures est à la hausse. D'ailleurs, les archives de Météo-France sur soixante-dix ans (1939-2009) montrent que le gel aux saints de glace ne s'est déroulé que quatre fois. On peut de plus consulter librement les données (Datasets) remontant jusqu'à 1775, récoltées par Euro4M qui est un organisme européen d'étude du climat, regroupant les services d'étude climatique et météorologique des Pays-Bas, du Royaume-Uni, d'Espagne, de Roumanie, de Suisse, d'Allemagne, de Suède, et de France8.
Bien qu'infondée, la croyance au sujet des saints de glace a tout de même quelques utilité pour les jardiniers et agriculteurs : cette deuxième quinzaine de mai où se situent les dernières nuits froides de la fin d'hiver reste un repère pour se rappeler quand la période climatologique de gel se termine.
La popularité de ces saints est encore vivace, comme en attestent les nombreux dictons qui leur sont consacrés.