Un témoignage émouvant d'un G.I sur la bataille de Juvelize.
25 novembre 1997
Monsieur le Maire de JUVELIZE,
Le 25 septembre 1944, l'Escadron de Reconnaissance motorisé de la 25e Cavalerie, appartenant à la 4e Division blindée de la 3e Armée des États-Unis, fut attaqué près de Juvelize, à l'emplacement indiqué COLLINE 362, par les forces de la 5e Division de Panzers, commandée par le Général Hasso Von Manteuffel.
L'attaque initiale lancée par la 5e Division blindée allemande eut lieu le 22 (ou 23) septembre 1944, dans la zone indiquée sur le dessin. Les chars (légers) de la Troupe D de la 25e Cavalerie furent détruits et abandonnés sur la route conduisant hors du village (vers le nord). Deux MK V Panthers furent également détruits par un 704 TD, aux emplacements signalés sur le dessin.
Le 37e Bataillon de Chars de combat, CCR, commandé par le.Lieutenant-Colonel Crieghton Abrams, se déploya au nord-ouest du village, et notre 3e Section, Troupe A, 25e Cavalerie, CCR, 4e Division blindée, 3 emmes Armée, prit position sur la Colline 362, où nous résistâmes jusqu'au 25 septembre, avant d'être chassés par la 5e Division de Panzers.
Notre camarade Grover L. BROWN, 3e Section, Troupe A, 25e Cavalerie, fut tué à l'emplacement marqué en rouge, et le Sergent George GRANT, 3e Section, Troupe A, 25e Cavalerie, fut blessé à l'emplacement indiqué. Il fut évacué par nos soins vers les services médicaux sur les ordres du Lieutenant Tenho K. Makeli, décédé le 21 novembre 1944. Grant décéda lui aussi deux jours après son évacuation.
Un rectangle rouge signale sur le dessin la présence d'un TROU DE RENARD, situé à proximité de l'angle d'une clôture. Le corps du Caporal BROWN fut certainement enterré dans ce trou de renard par les Allemands lorsqu'ils prirent la colline juste après notre départ. Il doit s'y trouver encore, s'il n'a pas depuis été déplacé.
La raison pour laquelle je vous écris cette lettre est que le corps de BROWN ne fut jamais récupéré. Sa plaque d'identification fut découverte dans sa jeep, et ne se trouve donc pas sur son corps. Dernier soldat à avoir quitté la Colline 362, je suis resté auprès de Brown et l'ai soutenu jusqu'à la fin. Plus tard, après la guerre, à Pesik Chech., j'ai dû signer une grande quantité de papiers attestant son décès. Serait-il possible à certains de vos administrés d'aller examiner l'emplacement du Trou de Renard (indiqué sur le plan), et si le corps est retrouvé, de l'enterrer décemment, ou sinon de placer une petite plaque commémorative près du Trou de Renard?
J'ai toujours gardé l'espoir de retourner un jour dans votre village et d'accomplir ces recherches moi-même. Mais je suis aujourd'hui un vieillard de 74 ans, en mauvaise santé et sans argent, et je sais hélas que je n'y reviendrai jamais.
Je vous remercie infiniment de l'attention bienveillante que vous voudrez bien accorder à la susdite affaire. Avec toute ma gratitude, veuillez agréer, Monsieur le Maire, l'assurance de mon profond respect et des sentiments cordiaux que je porte à votre peuple.
David W. RICHARDSON
Ce sont les recherches de l’ancien élu et historien de Juvelize Richard Bednarek qui ont été décisives. Celui-ci a retrouvé des rapports faisant état de l’exhumation d’une dépouille non identifiée et ce n'est qu'en 2013 que cette histoire connut son épilogue.
Républicain Lorrain du 27 juillet 2013