Un peu plus loin dans le jardin d'Acclimatation un des temples de l'Art contemporain à Paris
Aujourd'hui : la Fondation Louis Vuitton
En 2001, Bernard Arnault rencontre Frank Gehry, architecte récompensé par le prix Pritzker en 1989. Il lui confie le projet d’un édifice pour la fondation Louis-Vuitton pour la création, à Paris, au sud du Jardin d'acclimatation.
Frank Gehry visite le jardin et découvre un site exceptionnel chargé d’histoire. Il imagine alors une arecture de verre inspirée par le Grand Palais, mais aussi par les structures de verre, telles que le Palmarium, qui ornaient le Jardin d’Acclimatation dès 18935. Sous la main de l’architecte, l’édifice en verre prend l’allure d’un voilier aux voiles gonflées par le vent d'ouest, donnant ainsi l'illusion du mouvement. Douze voiles de verre translucides enveloppent l’« iceberg », une succession de formes blanches organiques habillés en béton ductal (décomposés en 19 000 panneaux tous différents et décalés pour créer, selon l'expression de Frank Gehry, un motif en « tremblement de terre ») et portant des terrasses arborées et flottant sur un bassin d'eau. Ces volumes sont séparés par des ouvertures, des failles et des superpositions qui sont refermées par des parois vitrées se décomposant en quarante-six ouvrages de configurations très diverses, si bien qu'il est difficile de distinguer façades et toitures. Chacune de ces voiles, de forme et de courbure différentes, est soutenue par un jeu sophistiqué de poutres en acier et en bois, et est composée de 3 600 panneaux de verre sérigraphié de pastilles qui réfléchissent 50 % de l'énergie lumineuse6.
Afin d’inscrire au mieux le bâtiment dans l’environnement du Jardin d'acclimatation dont LVMH a obtenu la concession pour une durée de 20 ans le 6 décembre 1995 (le groupe ayant racheté en 1984 le conglomérat Boussac qui avait déjà obtenu en 1952 de la ville de Paris la concession en lieu et place du Jardin zoologique d’acclimatation et qui fut renouvelée en 1995), la fondation a réalisé un plan d’aménagement renouant avec les principes fondateurs des jardins paysagers du XIXe siècle. Il relie l’édifice avec le Jardin d’acclimatation au nord, et avec le bois de Boulogne au sud. L'implantation du bâtiment de la Fondation se réalise dans le cadre d’une convention d’occupation en date du 1er janvier 2007, d’une durée de 55 ans, au terme de laquelle le bâtiment reviendra à la Ville. En contrepartie, la ville perçoit une redevance forfaitaire annuelle de 100 000 € jusqu’au terme de la convention.
Le bâtiment, construit à la place d'un ancien bowling, d'une billetterie et d'un restaurant, a une surface de 11 779 m2 et dépasse les 40 mètres de haut : rez-de-chaussée de neuf mètres de haut, zone technique de six mètres de haut, un étage de neuf mètres de haut surmonté des volumes des puits de lumière de neuf mètres, entourés des verrières qui lui permettent d'atteindre cette hauteur et de doubler son volume. L'infrastructure est constituée d'une boîte étanche en sous-sol, formée d'un radier en béton étanche qui résiste aux surpressions hydrostatiques et, pour gagner encore du volume, d'un bassin aquatique alimenté par une cascade en pente douce et entouré d'une paroi moulée périphérique en console de 7 mètres.
Au total, la construction du bâtiment aura nécessité le travail conjoint d'ingénieurs et de plus de 700 ouvriers. Une trentaine de brevets ont également été créés, notamment pour les accroches des voiles de verre soumises à une forte prise au vent. La géométrie complexe du bâtiment a requis de multiples études en soufflerie au CSTB de Nantes, dont les résultats ont permis aux ingénieurs SETEC Bâtiment et RFR de concevoir et dimensionner la structure du bâtiment.
En 2012, la construction de l’édifice aborde une étape déterminante avec l’installation des voiles de verre. Ces voiles sont constituées de 3 600 panneaux de verre, tous uniques et courbés spécifiquement pour épouser les formes dessinées par l’architecte. Les verrières, soutenues par des poutres de bois et de fer, recouvrent au total 13 500 mètres carrés. Les équipes participant à la construction du bâtiment de la Fondation ont été récompensées par plusieurs prix d’architecture en France et aux États-Unis.
Le coût de la construction, initialement estimé à 100 millions d'euros n'a pas été rendu public. Il pourrait avoir atteint 500 millions d'euros en raison de la mise au point de panneaux de verre innovants.
Une enquête du magazine Pièces à conviction révèle en 2018 que la Fondation Louis-Vuitton permettait à Bernard Arnault une déduction d’impôt de 480 millions d’euros en France
Le magazine Marianne avance que la construction du bâtiment de la Fondation Louis-Vuitton aurait coûté près de 800 millions d'euros dont plus 610 millions d'euros reposeraient sur l’État français grâce aux avantages fiscaux que LVMH a obtenus. En novembre 2018, l'association Fricc (Front républicain d'intervention contre la corruption) dépose une plainte devant le Parquet national financier pour des faits d'escroquerie et de recel, de fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale liés à la fondation Louis-Vuitton et au groupe LVMH en lien avec la construction du bâtiment
En septembre 2019, la plainte est classée sans suite par le parquet de Paris en raison d’une "absence d’infraction".
Le musée
Financé par LVMH, le musée est consacré à l'art contemporain. Il comporte 11 galeries sur trois niveaux destinées à présenter différentes collections, expositions, interventions d'artistes ainsi qu'un auditorium aux configurations modulables. L'inauguration est marquée par les concerts du pianiste chinois Lang Lang et du groupe électro allemand Kraftwerk.
La Fondation n'est pas seulement un centre d'art contemporain. Elle est aussi un lieu de débats, de colloques, de séminaires, de master classes et une scène accueillant du spectacle vivant, du cinéma, de la vidéo... L'auditorium permet d'accueillir de 300 places assises à 1 000 places debout grâce aux diverses configurations du gradin. L'acoustique est assurée par Nagata Acoustics qui a déjà travaillé avec Frank Gehry pour le Walt Disney Concert Hall de Los Angeles. La scénographie de l'auditorium et des espaces annexes a été conçue par l'agence dUCKS scéno..
La Fondation est aussi à l'origine de commandes auprès d'artistes. « Nombre de ces musées privés ouverts dans le monde ont souvent de beaux écrins architecturaux mais pas forcément conscience de ce que signifie avoir une institution, avec une vision spécifique, une programmation digne de ce nom, un rôle pédagogique réel. La fondation Louis-Vuitton va être un stimulant positif pour les autres », a précisé Jérôme Sans. Les premières commandes ont été réalisées auprès d'Ellsworth Kelly, Olafur Eliasson, Janet Cardiff et George Bures Miller (avec la participation de Scott Tixier et Tony Tixier), Sarah Morris, Taryn Simon, Cerith. Wyn. Evans et Adrian Villar Rojas.
La direction artistique de la fondation Louis-Vuitton est assurée par Suzanne Pagé, ancienne directrice du musée d'Art moderne de la ville de Paris.
La collection d'art de la Fondation met en valeur des artistes contemporains, dont Gerhard Richter, Bertrand Lavier, Christian Boltanski, Olafur Eliasson, Thomas Schütte, Pierre Huyghe, entre autres.
Plusieurs expositions temporaires ont été organisées par la Fondation depuis sa création : collection Chtchoukine du 22 octobre 2016 au 5 mars 201722, œuvres du Moma du 11 octobre 2017 au 5 mars 2018 ou encore Egon Schiele et Jean-Michel Basquiat du 3 octobre 2018 au 14 janvier 2019.
La fondation vient chez vous !
Chaque semaine, la Fondation vous propose de visionner une exposition, un concert et une masterclasse qu'elle a proposés depuis son ouverture en 2014.
La Fondation donne 3 rendez-vous :
- le mercredi à 18h, une visite d’une exposition avec les commentaires des commissaires
- le vendredi à 20h30, un grand concert de musique qui s'est tenu dans l'Auditorium
- le dimanche à 17h30, un concert d’une promotion d’élèves de la Classe d’Excellence de Violoncelle, dirigée par Gautier Capuçon.
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