Il y a 50 ans très exactement, le vol 1611 assuré par Air France, effectué par une Caravelle SE-210, en provenance d'Ajaccio et à destination de Nice s'est abîmé en mer le 11 septembre 1968 au large de Nice, tuant les 95 personnes présentes à bord.
À 10h30, alors qu'il est en descente entre les niveaux de vol 90 (2 700 m) et 70 (2 100 m), l'équipage annonce par radio avoir des ennuis et mentionne un incendie. Le contrôle aérien l'autorise immédiatement à prendre une route directe et prioritaire à destination de l'aéroport de Nice-Côte d'Azur. Un dernier écho radar est reçu à 10 h 33, localisant l'appareil à 40−45 km de Nice. Les secours sont déclenchés. La découverte à 11 h 22 d'une nappe de kérosène et de débris flottants confirme que l'avion s'est abîmé en mer. 95 personnes, 6 membres d'équipage et 89 passagers dont 13 enfants périssent lors de ce crash. Parmi les victimes se trouvait le général René Cogny ainsi que le savant atomiste polonais Jerzy Sawicki.
Le repêchage des débris au fond de la mer est mené en 4 campagnes étalées de novembre 1968 à avril 19712. Des équipements sont mis au point spécialement à cet effet. Au final, cela permet de retrouver 8 à 10 tonnes d'éléments provenant de toutes les parties de l'avion, dont la boîte noire (inutilisable) et des morceaux de réacteur.
Conclusions de l'enquête
La commission d'enquête technique (CET) du BEA, dirigée par l'ingénieur général de l'Air Gaston Fournier, conclut que la cause de l'accident est un incendie survenu à l'arrière de la cabine. L'origine de l'incendie, qui n'a pas été déterminée avec précision10, serait soit le dysfonctionnement du chauffe-eau des toilettes de la cabine — le rapport note « qu'un incident de cette nature, survenu au sol et sur un autre appareil […] a entraîné, en un temps relativement court, un incendie généralisé » —, soit l'imprudence d'un passager qui aurait jeté un mégot de cigarette dans le récipient des serviettes usagées au niveau des toilettes. Le BEA exclut l'hypothèse d'un tir de missile car les déformations observées sur les débris repêchés du fond de la mer sont incompatibles avec une explosion.
La conclusion de la commission d'enquête est corroborée par le témoignage de Pierre Guymar, contrôleur aérien à Nice en 1968, qui précise que le commandant de bord Michel Salomon lui a signalé par radio avoir « un début d'incendie à bord », sans évoquer aucune collision.
L'hypothèse d'un tir de missile
Plusieurs parties prenantes du dossier, notamment l'Association des Familles de Victimes du Crash de la Caravelle Ajaccio-Nice (AFVCCAN), estiment que la lumière n'a pas été faite sur l'origine de la catastrophe et que le vol 1611 Air France a pu être la victime d'un tir de missile d'entraînement.
Cette hypothèse est une première fois avancée par l'hebdomadaire Paris Match du 21 septembre 1968, qui publie un article intitulé « Les 268 secondes d'agonie de la caravelle Ajaccio Nice », affirmant que d'importants exercices militaires aéronavals se déroulaient en Méditerranée dans la zone où se trouvait la caravelle. Cet article propose trois hypothèses sur le drame, y compris l'impact d'un missile d'exercice.
Il se trouve en effet qu'à l'époque, la France intensifiait ses exercices militaires en mer Méditerranée5, notamment dans le but de vendre ses missiles A50 et ATM ; et que, simultanément, la caravelle passait très près d'une zone d'exercice de tirs de fusées de l'armée — l'appareil aurait pu pénétrer dans la zone de tir par erreur.
Cette hypothèse est soutenue par des témoignages survenus au fil des années et par la découverte de documents d'archives de l'armée ces dernières années.
Demande de levée du « secret défense »
Le doyen des juges d'instruction de Nice, Alain Chemama, a reçu les frères Paoli, membres de l'AFVCCAN, accompagnés d'un de leurs deux avocats maître Paul Sollacaro, le 2 septembre 2015 afin de les entendre.
Après 3 ans d'enquête menée par la gendarmerie de Nice et constatant que l'hypothèse du missile était très sérieuse, le 28 mars 2018, Alain Chemama, demande officiellement à Edouard Philippe, Premier Ministre, la déclassification des documents civils et militaires liés à la catastrophe ainsi que la levée du secret défense sur tous les exercices militaires du 11 septembre 1968 dans le sud-est de la France. Alain Chemama veut accéder à des documents précis classés "Secret Défense" afin de faire toute la manifestation de la vérité et finaliser l'action judiciaire.
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