Napoléon Ier, au lendemain de la bataille d'Austerlitz déclare aux soldats français : « Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de Triomphe » et par un décret impérial en date du 18 février 1806 ordonne la construction de cet arc de triomphe consacré à perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises. Son projet initial est d'ériger le monument « à l’entrée des boulevards, près du lieu où était la Bastille, de manière qu’en entrant dans le faubourg Saint-Antoine on passe sous cet arc de triomphe ». Il veut ainsi en faire le point de départ d'une avenue triomphale traversant notamment le Louvre et la place de la Bastille.
Le ministre de l'Intérieur Champagny avise l'Empereur que le choix de la Bastille serait dispendieux et le convainc d'ériger l'arc à l'ouest de Paris dans le quartier de Chaillot. Ce quartier alors totalement désert profiterait de ce somptueux monument pour se développer et que de magnifiques bâtisses ne tarderont pas à sortir de terre aux alentours…
L’idée ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd et Napoléon s’imagine déjà en architecte d’un somptueux quartier impérial qui rayonnera bientôt sur l’Europe entière. Mais il hésite encore sur le monument central de ce futur quartier impérial.
Doit-il construire un deuxième arc de triomphe (il a déjà ordonné la construction de l’arc de triomphe du Carrousel, encore visible aujourd’hui face à la pyramide du Louvre) ou doit-il donner le feu vert à un projet un peu fou: celui d’un éléphant gigantesque dont l’intérieur serait aménagé en musée à la gloire de l’Empereur?
Oui, l’avenue des Champs-Élysées est passée à deux doigts d’être surmontée par un immense pachyderme!
Finalement, Napoléon, soucieux de s’inscrire dans la continuité des plus grands empereurs romains, penche en faveur d’un arc de triomphe. Mais le projet de l’éléphant-musée n’est pas abandonné pour autant et il ordonne sa construction quelque jours plus tard place de la Bastille.
L’éléphant que décrit Victor Hugo dans "Les Misérables" est la version en plâtre achevée en 1814 et détruite en 1846. La version finale, censée être en bronze, ne sera jamais exécutée. Les Parisiens l’ont échappé belle!
C’est finalement la colonne de Juillet qui sera érigée sur les fondations du pachyderme en hommage aux Trois Glorieuses de la révolution de juillet 1830.
Le comte Jean Bérenger, conseiller d'État, se charge du financement comme directeur général de la Caisse d'amortissement. Le décret impérial du 26 février 1806, qui ordonne l'érection d'un arc de triomphe, prévoit en effet que sera pris un million pour cet objet sur les contributions provenant de la Grande Armée. La caisse d'amortissement tiendra chaque mois, à dater du 1er mars, une somme de cinquante mille francs à la disposition du futur architecte et celle de quinze mille francs pour les travaux d'art et de sculpture ».
Inscriptions à l'intérieur de l'arc de triomphe relatant la construction du monument.
Projet de Chalgrin pour l'Arc de triomphe de l'Étoile
Pour la conception du monument, l'architecte Jean-François-Thérèse Chalgrin est en concurrence avec son confrère Jean-Arnaud Raymond, chargé de collaborer avec lui. Le premier souhaite orner l'arc de colonnes isolées tandis que le second les veut engagées, l'incompatibilité de ces deux conceptions rendant impossible toute collaboration entre les deux architectes. Un arbitrage rendu par Champagny, ministre de l'Intérieur, force Raymond à se retirer honorablement. Chalgrin supprime alors les colonnes de son projet et s'inspire de l'arc tétrapyle de Janus et de l'arc de Titus à Rome, alors en pleine restauration.
La première pierre en forme de bouclier portant une inscription est posée le 15 août 1806 et recouverte d'une plaque en bronze pour la protéger. Les fondations (un massif de 54,56 mètres de longueur sur 27,28 mètres de largeur et 7,55 mètres de profondeur)8 exigent deux années de chantier. En 1810, les quatre piles s'élèvent à environ un mètre au-dessus du sol. À l'occasion de son mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise et de l'entrée de celle-ci dans Paris, l'Empereur délègue des crédits qui permettent à Chalgrin de construire une maquette en vraie grandeur en charpente, stuc et toiles peintes qui restent assez longtemps en place et sous laquelle la princesse passe. L'architecte meurt assez subitement en 1811, suivi, huit jours après lui, par son confrère Raymond.
Lors des premières défaites napoléoniennes (Campagne de Russie en 1812), et des évènements de 1814, l'arc de triomphe est élevé jusqu'aux voûtes (l'imposte de la grande arcade est posée avec la 45e assise), mais la construction est interrompue puis abandonnée sous la Restauration.
Louis XVIII ne reprend la construction qu'en 1824 avec les architectes Louis-Robert Goust puis Huyot et sous la direction de Héricart de Thury. En 1830, Louis-Philippe reprend la pensée initiale de Napoléon mais, dans un esprit de réconciliation, associe les armées qui ont combattu entre 1792-1815.
C’est Louis-Philippe et Adolphe Thiers qui décident du choix des thèmes et des sculpteurs : Le départ des Volontaires, communément appelé La Marseillaise, de François Rude et Le Triomphe de Napoléon de Jean-Pierre Cortot. Plus spectaculaire est la frise située au sommet de l’Arc et qui se divise en deux parties : Le départ des Armées et Le Retour des Armées avec une longue scène centrale à la gloire de la Nation.
La construction est finalement reprise et achevée entre 1832 et 1836 par l'architecte Guillaume-Abel Blouet, sous Louis-Philippe.
En savoir plus sur l'Arc de Triomphe de l'Étoile : Source Wikipédia